Nous souhaitons vous alerter à propos de nouveaux éléments qui, malheureusement, nécessitent une nouvelle action. Hier, Mozilla a annoncé qu'elle adoptait les DRM dans son navigateur Firefox. Merci de lire et partager notre déclaration concernant cette décision, et d'écrire au directeur technique de Mozilla, Andreas Gal, afin de lui faire part de votre opposition aux DRM.
John, Libby, William, et toute l'Équipe d'élimination des DRM (DRM Elimination Crew)
En réponse à l'annonce de Mozilla concernant l'adoption des DRM (Digital Restrictions Management – « gestion numérique des restrictions », « menottes numériques ») dans son navigateur web Firefox, le directeur exécutif de la Free Software Foundation, John Sullivan, déclare :
Une semaine seulement après la Journée internationale contre les DRM, Mozilla a annoncé son partenariat avec Adobe pour mettre en œuvre dans son navigateur Firefox la gestion numérique des restrictions opérant sur le web, par le biais d'« extensions pour médias chiffrés » (EME – Encrypted Media Extensions)
La Free Software Foundation est profondément déçue par l'annonce de Mozilla. Cette décision met à mal des principes importants dans le but de calmer la peur infondée d'une perte de parts de marché sur le créneau des navigateurs. Elle associe Mozilla avec une société hostile au mouvement du logiciel libre et aux idéaux qui ont présidé à la création de Mozilla.
Bien que Mozilla ne fournisse pas directement l'extension privatrice d'Adobe, la version officielle de Firefox encouragera les utilisateurs à l'installer à partir du site d'Adobe quand un média pourvu de menottes numériques se présentera. Nous sommes d'accord avec Cory Doctorow pour estimer qu'il n'y a pas de différence significative entre « installer un DRM » et « installer le code qui installe un DRM ».
Mozilla fait ceci à contre-cœur, nous en prenons acte, et avons une plus grande confiance en ces propos lorsqu'ils viennent de Mozilla que lorsqu'ils viennent de Microsoft ou d'Amazon. Cependant presque tous ceux qui implémentent des DRM disent qu'ils le font contraints et forcés ; c'est par suite de ce défaut de responsabilisation que la pratique se perpétue. L'annonce d'aujourd'hui met malheureusement Mozilla – sur ce plan – dans la même catégorie que ses concurrents privateurs.
À la différence de ses concurrents privateurs, Mozilla fait de gros efforts pour réduire certaines des nuisances spécifiques aux DRM en essayant de mettre l'extension en quarantaine dans un « bac à sable ». Mais cette approche ne peut résoudre ni les problèmes éthiques fondamentaux du logiciel privateur, ni les problèmes qui surgissent inévitablement lorsque du logiciel privateur est installé sur l'ordinateur de l'utilisateur.
Dans cette annonce, Mitchell Baker assure que Mozilla avait les mains liées. Mais elle poursuit en faisant l'éloge de la « valeur » d'Adobe et suggère qu'un certain équilibre est nécessaire entre la gestion numérique des restrictions et la liberté de l'utilisateur.
Il n'y a rien de nécessaire dans les DRM, et il est choquant d'entendre Mozilla faire l'éloge d'Adobe, cette société qui depuis toujours s'oppose farouchement au mouvement du logiciel libre et au web libre. Avec la mise en place de ce partenariat, nous doutons que Mozilla continue à avoir la capacité et la volonté de critiquer les pratiques d'Adobe.
Nous comprenons que Mozilla a peur de perdre des utilisateurs. Cory Doctorow fait remarquer qu'elle n'a présenté aucune donnée étayant ses frayeurs, et n'a fait aucun effort pour étudier la situation. Plus important, la popularité n'est pas une fin en soi. C'est particulièrement vrai de la Fondation Mozilla, association sans but lucratif ayant une mission éthique. Par le passé, Mozilla s'est distinguée et a obtenu le succés en protégeant la liberté de ses utilisateurs et en expliquant l'importance de cette liberté – par exemple en publiant le code source de Firefox, en permettant aux utilisateurs de le modifier, et en maintenant les standards du web face aux tentatives d'imposer des extensions privatrices.
La décision d'aujourd'hui chamboule complètement cette stratégie, en affectant les ressources de Mozilla à la livraison d'utilisateurs, pieds et poings liés, à Adobe et à des distributeurs de médias hostiles. Du coup Firefox est en train de perdre son identité, de perdre ce qui le différencie de ses concurrents privateurs Internet Explorer et Chrome, tous deux pourvus d'implémentations encore pires des extensions pour médias chiffrés.
Il y a sans aucun doute un certain nombre d'utilisateurs qui veulent juste pouvoir accéder dans Firefox à des médias à accès restreint comme Netflix, et ils ne seront pas contents si ce n'est pas possible. Ce n'est pas surprenant, puisque la majorité de la population dans le monde ne connaît pas encore les problèmes éthiques qui concernent le logiciel privateur. Ce débat était, et est encore une occasion en or de présenter ces concepts aux utilisateurs, et de leur demander d'agir de manière solidaire face à des décisions difficiles.
Voir Mozilla faire un compromis sans faire aucun effort public pour liguer les utilisateurs contre cette soi-disant « solution incontournable » est doublement regrettable. Elle devrait revenir sur sa décision. Mais qu'elle le fasse ou non, nous l'invitons à nous rejoindre en affectant autant de ses importantes ressources à l'élimination définitive des menottes numériques, qu'elle en affecte maintenant à leur gestion. La FSF aura d'autres annonces et d'autres actions à faire dans les jours à venir. Pour l'instant, voici ce que vous devez faire si vous vous sentez concerné par ce problème :
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